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Gombo salsa, l'évolution de la salsa au Bénin

 De Gnonnas Pedro à Jospinto, la salsa est intimement liée à l'identité béninoise. Plongeons dans une tradition qui illustre l'échange culturel entre l'Afrique et les Caraïbes. Le Poly-rythmo de Cotonou s'est produit à Paris en 2012. (Image) : Julien Legros /> Le Poly-Rythmo de Cotonou à Paris en 2012. (Photographie) : Julien Legros Bénin, patrie du Vaudou, patrie de la Santeria La salsa a toujours occupé une place particulière au Bénin, situé entre le Togo et le géant anglophone nigérian. Julia Samantha et Mylène Djihony : Une Amitié Éclatante à Miss World en Inde - Découvrez l'amitié émouvante entre Julia Samantha et Mylène Djihony lors de Miss World en Inde. Une belle histoire d'unité qui transcende les frontières. Dans d'autres pays de la sous-région, comme le Sénégal, la Guinée Conakry ou la Côte d'Ivoire, cette musique n'est plus aussi populaire qu'avant et est souvent perçue par une grande partie des jeunes comme « une musique de vieux ». Cependant, au Bénin, elle conserve une profonde attache intrinsèquement liée à l'histoire de ce berceau de la culture vaudou. « La salsa est une fusion entre les rythmes des Orishas, originaires des Yorubas, et la musique occidentale », explique le salsero béninois Michel Pinheiro. « Nous avons ajouté le piano et les cuivres au tambour des Yorubas. C'est ce qui a donné naissance à la salsa. Évidemment, en tant qu'Africain, je m'y retrouve ! » Les rituels vaudous se distinguent par des polyrythmies accompagnées de puissantes incantations aux esprits, rythmées par le tambour, les cloches et les hochets. Ces éléments se manifestent également dans la musique cubaine, associée à la Santeria, le culte des Orishas, des demi-dieux humains présents dans la culture Yoruba, apportée dans les Caraïbes par l'esclavage. « Le vaudou représente notre essence. » souligne Vincent Ahehehinnou, chanteur de l'orchestre Tout-Puissant Poly-rythmo de Cotonou. « Aujourd'hui, le vaudou a influencé la musique à travers le monde. Les cloches, les castagnettes, les tam-tams, les tumbas ont vu le jour dans les couvents. Par la suite, cette culture s'est modernisée. » Les années brûlantes 60-70 En 1960, la République du Dahomey obtient son indépendance, suivie d'une série de coups d'état. En 1975, Matthieu Kérékou proclame la République populaire du Bénin. À l'instar du Mali, de l'Angola et du Congo-Brazzaville, son régime s'inspire du marxisme-léninisme soviétique, souvent jusqu'à l'excès. Porto-Novo est désignée comme capitale. À cette époque, le modèle à suivre est le Cuba de Fidel Castro, vibrant au rythme de la guaracha. Durant les années 70, des ensembles du Bénin tels que le Tout Puissant Orchestre Poly-rythmo de Cotonou ont brillamment incarné cette vague afro-latine. Parmi les précurseurs de ce style dans le pays du Vaudou se trouvait feu Gnonnas Pedro, décédé en 2004, qui a également collaboré avec cette formation légendaire. La musique de salsa, telle la rumba congolaise, voyage constamment entre l'Afrique et les Caraïbes, retournant tel un boomerang sur le continent dans les années 60. Au cours de cette décennie, la rumba, la salsa et la pachanga inondent les rues de Cotonou et de Porto Novo avec des ensembles portant des noms évocateurs : El Rego y sus commandos, Ignacio Blazio osho y orchestra Las Ondas et bien sûr Gnonnas Pedro y sus Panchos. À la même époque, les étoiles de la salsa telles que le Dominicain Johnny Pacheco et les Cubains de l'Orquesta Aragon sillonnaient la région à guichets fermés. Aux côtés de l'afrobeat et du funk, la salsa était également ancrée dans la matrice du Tout-Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou. Son chanteur principal, Vincent Ahehehinnou, relate l'émergence du groupe à la fin des années 60 : Nous n'attendions pas de devenir musiciens au départ. Nous étions tous des lycéens passionnés. Nous participions à des concours inter-lycées au sein de groupes scolaires. Nous étions fascinés par la vague yéyé, Johnny Halliday, Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Richard Anthony. Nous avons commencé à interpréter leurs chansons en autodidactes, sur le tas. Nous avons utilisé ces interprétations pour créer quelque chose de totalement différent. Nous jouons tous les rythmes. C'est ce qui nous rend Poly-Rythmo ! Nous avons adapté nos rythmes au funk pour créer quelque chose de distinct, le son Poly-Rythmo que nous appelons le Voodoo Funk. Le collectif initié par feu Clément Mélomé est actuellement vénéré par les fervents des vinyles et par le groupe rock écossais Franz Ferdinand, qui a partagé la scène avec eux. « Notre périple a débuté en 1966, parmi la multitude de groupes de cette époque », raconte Vincent Ahehehinnou. « Dix années plus tard, nous avions gravé plus de quatre-cents disques ! La demande était soutenue. En 1969, nous avons connu notre premier triomphe avec « Gbeti ma djro », qui a fait le tour du globe. » Le programme radiophonique de La Voix de l'Amérique a propagé notre musique à travers le monde. Le succès nous a accompagnés, témoignant de la qualité de notre travail ! Nous avons persévéré malgré les hauts et les bas, et aujourd'hui nous exprimons notre gratitude ! Grâce à l'aide précieuse d'une jeune journaliste française, Elodie Maillot, notre projet a pu reprendre son envol à l'échelle mondiale avec l'album Cotonou Club - Strut Records 2011 -, en collaboration avec notre petite sœur Angélique Kidjo. La sauce gumbo de Gnonnas Gnonnas Pedro, connu sous le nom de Gnonnas Sousou Pierre Kwasivi, émerge comme un symbole authentique de l'époque des Indépendances, porté par l'esprit de liberté artistique. La vague envoûtante du « son » cubain, résonnant à travers l'Afrique, le propulse au sommet en tant que remarquable salsero, porteur de deux succès incontestables : « Von o von non » et « Yri yri boum », une réinterprétation d'un classique cubain popularisé par Bény Moré et Célia Cruz. Le chanteur Gnonnas Pedro s'approprie le style agbadja de sa région natale de Lokossa et l'unit aux rythmes latins pour créer une fusion musicale unique, qu'il nomme le gombo-salsa ! En 1996, après le décès de Pape Serigne Seck, Gnonnas Pedro se joint à Africando, cette Fania panafricaine conçue par Boncana Maiga. Des artistes tels que l'Haïtien Shoubou, le Burkinabé Amadou Ballaké, le Guinéen Sékouba Bambino, le Sénégalais Médoune Diallo de l'Orchestre Baobab et Ronnie Baro de l'Orchestre Broadway ont contribué de leurs voix à ce pont musical entre l'Afrique et les Caraïbes. Le dernier opus d'Africando, Viva Africando, produit par Syllart Productions/Sterns Music, date de 2013. Le renouveau des années 90 et 2000 La tradition de la salsa au Bénin se perpétue encore aujourd'hui. Établie en 1994, l'orchestre Gangbe Brass Band s'inscrit dans la lignée de l'orchestre TP Poly-Rythmo. Il fusionne avec entrain le funk, l'afro-beat et la salsa dans un patchwork joyeux. En 2015, ce remarquable groupe de scène a publié l'album Go Slow to Lagos - Buda Musiques. Mentionnons également le chanteur Jospinto. Fondateur de l'association Agogbe des amateurs de salsa, cet ancien agent des douanes a été chargé de remplacer Gnonnas Pedro au sein d'Africando. Il lui rend hommage avec le morceau Es para ti Gnonnas de l'album Viva Africando. Jospinto chante en Fon, en Yoruba, en Goun et en Mina, les langues principales du pays. Michel Pinheiro, un ancien tromboniste de Tiken Jah Fakoly, né à Pobé, une localité du plateau de Louémé, a établi l'African salsa orchestra en 2014. Michel a perfectionné ses compétences dans les hôtels d'Abidjan dans les années 90, se rappelant : « Notre répertoire était éclectique : Chocolate, Papaito, Coupé Cloué d'Haïti, Kassav, Moni Bilé, Hotel California. Par la suite, il a tourné avec Tiken Jah Fakoly, tout en restant fidèle à la salsa : « Quand j'allais dans les fêtes chez nous, c'était sur la salsa que je me lançais pour danser. C'était comme une transe. » En 2009 à Cotonou, il a sorti Bénin, une sorte de carte postale du pays, depuis la porte de non-retour des esclaves à Ouidah jusqu'au village lacustre de Ganvié. Son dernier album, auto-produit et publié en 2013, s'intitule Voyage. Quel avenir nous réserve-t-il ? Bien que la vitalité musicale du Bénin soit indéniable, le pays n'évite pas le phénomène mondial de la diminution des orchestres au profit des DJ : Les jeunes sont trop influencés par les musiques programmées sur des machines. Cela s'inscrit dans la tendance actuelle qui consiste à préfabriquer les artistes. Autrefois, pour enregistrer un album, l'artiste donnait des concerts, jouait dans des bals. De nos jours, on surgit de l'obscurité, enregistre un album et c'est ensuite qu'on forge sa trajectoire. La salsa, c'est un art musical d'une grande complexité. Ce n'est pas à la portée de tout le monde ! Et puis, il n'y a plus de soutien des producteurs. Lorsque j'ai présenté mes premières démos à Abidjan, on m'a répliqué : « C'est de la musique pour les anciens ! Il faut se mettre au zouglou ! » Il est primordial d'encourager la jeunesse à se lancer dans la salsa. Lorsque la salsa résonne au Bénin, jeunes et anciens se lèvent pour esquisser des pas de danse. Chaque fois qu'un nouvel album voit le jour, il comporte invariablement un morceau aux accents de salsa. C'est un véritable succès. Seule l'audace semble faire défaut ! » Michel nourrit le rêve d'organiser un festival de salsa en Afrique, établissant ainsi un lien entre l'Amérique latine et l'Afrique, avec la participation d'artistes cubains et vénézuéliens. Affaire à suivre ! Quelques connexions : L'auteur a mené des entretiens en 2012 et 2013 à Paris pour écrire L'épopée de la musique africaine de Florent Mazzoleni, paru chez Hors collection en 2013.

Julia Samantha et Mylène Djihony : Une Amitié Éclatante à Miss World en Inde